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Onze kilos cinq
31 janvier 2014

Murud

Murud jour 1: J'arrive a Murud en milieu d'aprem. Le temps de me trouver une guest house, je passe ma premiere journee dans ce bled a rediger les premiers posts de ce blog. 5 heures d'affilee! Ca fait longtemps que j'ai passe autant de temps devant un ecran. Je sors a 22h30 affamee et ereintee. Je mange un morceau en terrasse dans l'un des restaus encore ouverts a cette heure en bord de mer, a deux pas de mon hotel. J'ai presque fini mon diner quand un jeune type vient s'installer en face de moi: d'ou viens-tu, depuis combien de temps tu es a Murud, tu te sens seule? Ok, c'est le moment de mettre fin a cet interrogatoire. Je lui fais comprendre qu'il me saoule et je vais payer. C'est ma premiere soiree seule en Inde et je me fais deja emmerder. Je retourne dans ma chambre rose et mauve (youpi, mes couleurs preferees...) et me mets a ecrire. Je vais noircir un paquet de pages pendant ces quelques jours a Murud.

Jour 2: Nuit avec le bruit des vagues en fond sonore. Ca change des klaxons de Mumbai. Je fais des reves bizarres qui me laissent une amertume dans la bouche au reveil, meme si je ne m'en souviens pas. Ou bien est-ce moi qui suis amere des le matin? C'est la premiere fois dans ce voyage. Je ne suis pas un animal solitaire. Je vais dejeuner dans un autre restau qui donne sur la plage, et me retrouve une fois de plus a prendre la pause avec un bebe dans les bras. Ce sont quelques couples d'amis qui sont venus passer le weekend au bord de la mer depuis Mumbai, ils sont sympas et me questionnent sur mon voyage. Quand je leur dis que je voyage seule, l'un des mecs me congratule: "Quelle audace! Les femmes indiennes ne feraient jamais ca, elles auraient trop peur...!" Tu m'etonnes John, dans un pays aussi macho... Je marche le long de la plage histoire de voir ou ca mene. Longue plage de sable fin et brun, ou des vagues viennent mollement s'ecraser. Il y a des detritus tous les 3 metres. Je me dis que la plage seule c'est chiant, encore plus dans ce pays ou personne ne se baigne ou presque, et ou ma condition de femme blanche ne m'encourage vraiment pas a le faire. Il y a des cocotiers du cote des hotels, et plus loin des arbres qui ressemblent a des pins et ou sont pendues des grappes de chauve-souris. Je passe dans une guest house me renseigner sur les prix et voir s'ils ont de la place pour demain samedi. Comme je ne me suis pas organisee pour la suite, une nuit de plus a Murud serait la bienvenue. En plus, cet hotel donne juste sur la plage et il y a des hamacs tendus entre les palmiers, je me vois bien y bouquiner tout l'aprem. Le type me propose une chambre simple pour 400 roupies. La question est: ai-je envie de rester plus longtemps ici? Pour y faire quoi? 

Jour 2, 18h15: en me baladant je suis tombee sur un temple dedie a Shiva. J'y suis entree pour faire des croquis et on m'a invitee a revenir a 16h pour la ceremonie. Mais je me suis perdue en me baladant et suis arrivee a 16h45. Ca ne m'a pas empechee de passer le restant de la ceremonie (une bonne heure) assise en tailleur parmi des femmes en sari, a battre des mains en rythme. Malheureusement je suis au premier rang et je ne peux pas observer grand chose. Une petite fille en robe rose fluo ne tient pas en place et me regarde avec curiosite sans oser m'approcher. Elle accapare mon attention un bon moment.

Jour 2, 20h30: Je note dans mon carnet "C'est nul tous ces moments passes seule, que je ne peux partager avec personne. Moi qui fanfaronnais avant de partir en disant qu'il n'y a rien de tel que de voyager seule... En fait c'est genial pour les rencontres qu'on fait sur la place. Autrement c'est un peu chiant quand meme. [...] J'aimerais comprendre et parler l'hindi pour pouvoir echanger avec les gens, les femmes surtout. Elles me sourient et me saluent, je leur rend leurs sourires et leurs saluts mais nous ne pouvons aller plus loin."

Jour 2, 22h30: Je viens de rentrer a l'hotel. Il s'est passe un truc assez incroyable tout a l'heure. Tout d'abord, en sortant du restau, j'ai appele ma mere, que je n'avais pas encore reussi a joindre depuis mon arrivee en Inde. J'avais vraiment envie de parler a quelqu'un. La communication etait mauvaise donc on n'est pas restees longtemps au telephone, mais juste assez pour qu'elle m'apprenne qu'un type a embouti la voiture quelques jours avant - heureusement elle n'a rien. C'est jamais agreable d'entendre ce genre de nouvelle quand on est loin. S'il lui arrivait quelque chose de grave alors que je suis a des milliers de kilometres? Mieux vaut ne pas y penser. Elle va bien, c'est le principal, et j'ai senti a sa voix qu'elle ne voulait pas que je m'inquiete. Je ne m'inquiete pas. J'ai commence a marcher vers le cyber cafe ou j'ai passe l'apres-midi hier afin de voir si Yvan m'a donne des nouvelles; toute la journee j'ai remis ma decision sur la suite des evenements a ce mail, pour savoir si on se retrouve toujours, ou et quand. Mais le cyber cafe est ferme. Zut. On m'indique qu'il y en aurait peut-etre un encore ouvert au bout d'une rue que je ne connais pas, sombre evidement. En marchant je passe a cote d'un marche, ferme lui aussi mais comme en inde tout est possible les garcons qui sont la me font entrer pour acheter deux oranges et trois bananes. En sortant, ils me disent que le cyber cafe que je cherche est ferme a cette heure-la; je rebrousse chemin. Juste quand je parle avec eux, un homme et sa fille passent a moto. Ils s'arretent un peu plus loin et me demandent "vous n'avez pas de problemes?" "Tout va bien merci." "On a cru que vous aviez des problemes avec ces types..." "Non non tout va bien, je vous assure, j'etais juste un peu paumee." La fille parle assez bien anglais et on discute deux minutes. Ils se trouvent habiter juste a cote, et elle me propose de monter. Ok! Je suis curieuse de voir l'interieur d'une maison a Murud. Sugam, la jeune fille, habite avec son pere et sa mere a l'etage d'une maison qui borde la rue; ca fait une sorte d'appartement tout en longueur. On entre dans ce qu'on pourrait comparer a un salon, ou il y a un banc colle au mur de droite sur lequel on m'invite a m'assoir, un lit juste a gauche en entrant, et trois chaises en plastique en guise de mobilier. Ils m'offrent un chai d'emblee. La cuisine est separee du salon par une cloison fine qui ne monte pas jusuq'au plafond, il n'y a pas de porte non plus. Sugam me fait faire le tour de l'appartement: une enfilade de pieces sous les combles mais hautes de plafond, dont je n'arrive pas bien a discerner la fonction. Les pieces n'ont pas le meme usage qu'en France: on dort et mange et travaille dans une meme piece, contrairement a chez nous ou tout est compartimente. Je repere une vieille machine a coudre: les parents sont tailleurs. On retourne au "salon" ou je suis assise sur le banc, tandis que Sugam et ses parents sont tous les trois devant moi, assis ou debout. Ils me posent les questions maintenant habituelles, d'ou je viens, ce que je fais, depuis combien de temps je suis en Inde, combien de temps je vais rester, ou je vais apres Murud, etc etc... Le pere m'explique que pour descendre vers Ratnagiri, entre Murud et Goa, je dois prendre le bus jusqu'a la gare de Roha, puis le train. Je pensais qu'il y avait des bus, mais il me soutient que non. Ok, je reserverai un billet demain alors. Je passe un tres bon moment en leur compagnie. Ils me demandent si j'ai dine, et presque a regrets je leur dis que oui: j'aurai adore partager un repas avec eux mais j'ai deja mange et je ne peux plus rien avaler. La mere de Sugam m'a deja donne des patisseries quand je suis arrivee, mon estomac n'a plus de place. Je repars vers 22h, le coeur leger et super contente de cette rencontre impromptue, ca m'a fait du bien de rencontrer des gens, de discuter avec eux.

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