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Onze kilos cinq

23 avril 2014

Dans les montagnes indiennes : Munnar et Kodaikanal

Munnar est une petite ville perchee dans les montagnes du Kerala, principalement connnue pour ses plantations de the. Au passage de la frontiere Tamil Nadu / Kerala en haut d'un col, on peut voir un panneau qui dit "Welcome to Kerala, God's own country" : le pays de Dieu, rien que ca! Ce qui me fait doucement rigoler, c'est que le Kerala est aussi le seul etat dans le monde a avoir elu par les urnes un gouvernement communiste, qui fonctionne depuis les annees 50. C'est la ou il y a le taux d'education le plus eleve du pays, et c'est suppose etre le plus propre aussi. Toutefois je vois des dechets partout dans les rues et au bord des routes, comme dans les autres endroits que j'ai visites en Inde. 

Munnar en soit n'est pas une jolie ville, et n'a pas beaucoup d'attraits touristiquement parlant. C'est la balade dans les alentours qui vaut le coup d'oeil : les plantations de the s'etendent sur les colines en couvertures d'un vert intense, soulignant le relief comme un drap ou parfois comme des lignes topographiques sur une carte I.G.N. A part les bosquets de the, il y a des eucalyptus et d'autres arbres que je suis incapable de reconnaitre. C'est tres tres vert, luxuriant, humide et frais. Ca fait du bien apres la chaleur des plaines. En se baladant a moto on sent l'odeur du the, comme si on plongeait dans une boite de the vert. J'observe les parcelles et j'ai une pensee pour les cueilleurs : les vendanges dans les vignes escarpees du Beaujolais dans mes jeunes annees c'etait de la rigolade! Je vois d'abord des cueilleuses de the qui recoltent les feuilles a l'aide d'une sorte de secateur equipe d'un receptacle/reservoir, qu'elles vident dans une besace accrochee dans leur dos. Et tant pis pour le cliche de la recolte du the a la main! Plus tard j'en verrai qui recoltent en effet le the a la main en arrachant les feuilles, et je verrai aussi des hommes s'atteler a cette tache.

Apres deux jours a Munnar nous allons a Kodaikanal, toujours dans les montagnes, mais cote Tamil Nadu cette fois. Il y a bien une route qui relie les deux, mais pas de bus. Il nous faut redescendre dans la plaine, changer de bus 3 fois, pour remonter dans la montagne, et finalement arriver a la station climatique autrefois prisee des anglais - et desormais prisee des touristes de Mumbai ou de Delhi. Seulement 9 heures de trajet pour y arriver, dont 3 avec une sono a fond les ballons et de la musique pop aussi indigeste qu'un mix de Britney Spears et Jordy a la sauce curry. Je suis morte en arrivant. 

Il ne fait plus frais, il fait carrement froid. On est a plus de 2000 metres et je dors avec trois couvertures, deux paires de chaussettes et autant de t-shirts et sweat-shirts que je peux enfiler. On se les pele mais je ne vais pas me plaindre : j'en revais depuis plusieurs semaines! On peut constater que c'est la saison touristique indienne, et non occidentale, aux produits vendus par les echoppes et les stands de rue : point de fringues new-age, de bijoux hippies et d'artisanat au rabais, mais des polaires aux couleurs criardes, des cache-oreilles, des echarpes et des bonnets en acrylique (que les vendeurs pretendent tout de meme etre en pur cashmire), des porte-clefs nounours ou coeurs ; bref, c'est le royaume du kitsh, du cheap et du plastique. 

Kodaikanal est un peu plus jolie que Munnar, et il y a des balades sympas a faire sans avoir a prendre un vehicule. Les montagnes me rappellent les Alpes d'une certaine maniere. J'ai des envies de randonnees et de via ferrata dans mes montagnes preferees, mais ca devra attendre un peu. Le retour en France n'est pas pour maintenant.

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22 avril 2014

Pondichery - Munnar via Madurai, 10 avril

Eeeeeeeet c'est a un magnifique faux depart que nous assistons depuis la gare de Villupuram, ou j'etais supposee prendre un train de nuit pour Madurai! 

J'ai quitte Pondichery et me voila de retour dans l'Inde reelle : celle ou on reserve un billet mais ou on ne vous laisse pas entrer dans le train. En Inde les trains sont tellement blindes des mois a l'avance qu'ils ont un systeme de surbooking, comme pour les avions. On reserve un ticket et on est sur liste d'attente. J'ai entendu differentes histoires a propos de ces tickets : des gens qui avaient eu leur train avec 500 personnes devant eux sur la liste, d'autres qui n'avaient pas pu voyager avec beaucoup moins de passagers en attente... C'est aleatoire, comme a peu pres tout ici. Avec seulement 29 personnes dans la liste devant moi, je ne me suis pas fait de souci. J'aurais du! Il n'y a pas de train direct pour Madurai depuis Pondichery, il m'a d'abord fallu prendre un bus d'une demi heure pour Villupuram (et croyez-moi une demi-heure dans un bus indien, ca peut etre treees long). Une fois a la gare, nous attendons tranquillement le train, mes sacs et moi. Quand il arrive (a l'heure!), je montre mon billet au controleur dans l'espoir qu'il m'indique mon compartiment (il y a au moins un kilometre de voitures qui se suivent, et je ne comprends rien a leur systeme de numerotation des voitures - je ne sais meme pas s'il y en a un). Au lieu de ca, il me dit que mon billet n'a pas ete confirme, ce qui veut dire que je n'ai pas de place sur le train. Pardon? Est-ce que ca veut dire que je ne peux pas prendre ce train? C'est ca madame, il va falloir prendre le prochain qui est dans 15 minutes avec un billet "open reservation". What? Je veux dire "Mais putain de dieu pourquoi je peux pas monter dans ce train alors que tous les autres autour de moi ont pu?!" (les autres = les indiens qui etaient sur le quai = ceux qui savent comment se trouver une place meme quand il n'y en a pas) Plus tard j'apprendrai que j'aurai du monter dans ce train tout de meme. Mais c'etait trop tard. Je me dirige vers le guichet, le type me vend un ticket a 115 roupies, et la je me dis qu'il y a un hic : c'est vraiment, vraiment pas cher. 1,50 euros pour 8 heures de trajet. Pas assez en fait. Je vais voir le chef de gare, et la je realise ce que je viens d'acheter : un ticket pour une nuit en enfer. L'enfer est cheap ici.

Les trains en Inde sont divises en differentes classes, un peu comme en France, sauf qu'il y en a beaucoup plus. Pour l'instant je n'ai teste que les "second sleeper no A/C", les secondes classes couchettes sans air conditionne. C'est la classe juste avant le purgatoire. Du moins c'est comme ca qu'on m'a decrit les 3e classes, ou "classes sans reservation". Les gens qui m'ont formellement interdit de voyager dans ces classes, ou en tout cas tres tres fortement deconseille de le faire, sont des routards, je veux dire pas des habitues du Taj Hotel de Mumbai. Je les ai crus sur parole. L'interet de prendre un train de nuit etant d'arriver a peu pres reposee a destination, et n'ayant absolument aucune envie de tester mes limites cette nuit-la, j'ai appele l'amie chez qui je logeais a Pondichery pour lui demander de laisser sa porte ouverte et j'ai rebrousse chemin. Retour a la case depart a 1.30 am.

Le lendemain matin, j'etais a la gare pour acheter un nouveau billet. Dans la file, un monsieur adorable m'a prise sous son aile pour m'aider a acheter un ticket pour le jour d'apres. C'est pas comme avec la SNCF, on se pointe pas a la gare la bouche en coeur en demandant au guichetier de bien vouloir regarder sur son ecran quel est le trajet le plus rapide et le moins cher, de comparer les prix pour nous, de voir si avec une carte 12-25 c'est plus interessant de voyager en 1e ou en 2de. Ici il faut savoir a l'avance quel train tu veux prendre, a quelle heure, etc, et il faut en plus imposer sa loi dans la cohorte de gens qui veulent aussi acheter un billet et qui s'empressent de te passer devant. Selon les endroits ca peut ressembler a un tournoi de catch. Tu remplis d'abord une fiche avec tous ces renseignements qu'evidement tu connais par coeur, et tu as ton ticket. Vraiment, je sais pas comment les indiens font. Mais ils le font. En tous cas heureusement que j'avais ce monsieur adorable a cote de moi dans la file, parce que sinon je serai encore a Pondichery. Avant que je comprenne ce qui s'etait passe j'avais un billet de train pour Madurai pour le lendemain 10h30, depart de Villupuram. Le monsieur m'a assure qu'il me trouverait une place dans ce train, qu'il allait prendre avec sa femme justement. Rendez-vous etait pris pour le lendemain matin.

En effet, le lendemain matin, on se retrouvait a la gare de Pondichery pour changer a Villupuram. Dans ce train, a cote de nous, un autre monsieur qui a rapidement partage notre conversation. Ayant voyage a travers le monde pour son travail, il m'assura que les francais n'aimaient pas les anglais, et que si on n'etait pas capable de parler leur langue ils ne vous adressaient meme pas la parole. Que repondre? Parlant francais je n'ai jamais souffert de cette discrimination linguistique. J'ai souvent entendu ce reproche a propos des francais, mais j'ai aussi eu droit a l'exact oppose : des amis etrangers qui voulaient apprendre la langue et souhaitaient mettre en pratique leurs connaissances, qui se sont plaint de ces francais qui leur repondaient en anglais - probablement avec l'idee de leur faciliter la tache. Ha l'etre humain! fascinante creature qui semble ne jamais trouver satisfaction. J'ai aussi eu droit aux habituelles questions : d'ou je viens en France, quel est mon travail, si j'ai des freres et soeurs, si je suis mariee, quelle est ma religion... C'est toujours interessant d'observer la reaction des gens quand je leur repond franchement. Non je ne suis pas mariee, oui je voyage seule, non je ne suis pas pressee de me trouver un bon mari qui s'occupera de moi. Non je ne suis pas catholique, en fait je ne crois pas en dieu. Il semble que le concept de ne croire en aucun dieu soit totalement etranger en Inde. On doit forcement croire en un dieu, quel qu'il soit! Tout comme on doit forcement se marrier avant d'avoir trente ans (c'est-a-dire avant la date de peremption)! Bienvenu en Inde, le pays de la tolerance.

Pour resumer le trajet entre Villupuram et Madurai, je dirais que j'ai eu un apercu de ce qu'on fait subire aux crabes quand on les achete vivants avant de les faire bouillir dans une marmite et qu'il faut maintenir le couvercle dessus pendant qu'ils donnent des coups de pince dans l'espoir de s'echapper. C'est pas tres agreable. Le gentil monsieur s'est en effet assure que je trouve une place, et je lui en suis encore reconnaissante parce que je crois bien que tout le train avait decide que je n'irai pas a Madurai. A peine j'avais pose le pied dans le train que le controleur m'a saute dessus pour me demander mon billet (je peux vous assurer qu'il n'a saute sur personne d'autre pour verifier les billets), je lui ai dit que oui, le monsieur lui a dit que oui, et de toutes facons je ne pouvais pas lui montrer parce que me retourner dans le couloir du train aurait demande une logistique trop lourde : mon sac a dos sur le dos, un plus petit sur l'epaule droite, et mon ukulele dans la main gauche, je ne pouvais qu'aller tout droit, tout autre mouvement m'etait impossible. Une fois trouve un endroit ou il y avait une place et demi de libre, le monsieur a decrete qu'on allait s'installer la. J'ai jete mes sacs sur la couchette du dessus, il a palabre avec les gens autour, gueule un peu avec le controleur, montre mon billet, gueule encore, m'a dit que tout etait ok, de monter m'assoir a cote de mes sacs et d'en descendre uniquement si la dame assise en-dessous souhaitait s'allonger a ma place. Soit. Ne comprenant pas grand-chose a ce qu'ils se lancaient tous a la face, j'obeissais et grimpais pour m'installer avec mes sacs sur la couchette en skye, juste au dessous des ventilateurs qui fonctionnaient a fond et diffusaient un air brulant. Une-demi heure apres, le rythme du train et la chaleur aidant, je dormais profondement, coincee entre mon ukulele et mon gros sac. J'envisage une nouvelle carriere de contortionniste apres ces quatre mois de voyage.

Madurai ou l'Inde, la vraie. Le bordel, la crasse, les rickshwas, les bus et les voitures qui klaxonnent, les batiments en beton sans aucune beaute, et un enorme temple en plein milieu, comme une piece montee psychedelique dessinee par un auteur de comics sous acide. Ou peut-etre que c'est la chaleur qui me fait faire cette comparaison. Dedans, des couloirs et une salle aux mille pilliers, des gens, de l'encens, des gens, une vache et un elephant, des gens. A la sortie, des marchands de souvenirs religieux. Jesus aurait du venir chasser les marchands des temples ici aussi. 

Je creve de chaud. Ca fait un mois que je creve de chaud et que je ne peux pas faire un mouvement sans etre en sueur. J'aime le soleil et la chaleur, mais a un certain point je me transforme en marshmalow fondu. J'ai atteint ce point depuis longtemps. Je jubile quand soudain un orage eclate : quelques gouttes tombent, et j'espere que ca va continuer. Mais non. Ce ne sont que quelques gouttes. Je me balade dans les rues alentour du temple, mange un morceau dans un stand de rue, vais boire un jus dans une adresse du Lonely Planet qui n'a pas du etre verifiee depuis 15 ans, et passe la nuit avec le ventilateur a fond dans ma chambre. Le temple de Madurai constitue son seul attrait ; je repars le lendemain matin pour prendre le premier bus vers Munnar a 8h30. J'y arriverai a 14h00, sous une pluie battante - et fraiche - pour retrouver Shuhaib, un gars du Kerala qui a bosse avec nous sur le projet de Mumbai. 

20 avril 2014

Mumbai, encore un peu

Bon, sur canalblog on ne peut publier que des videos dailymotion ou youtube, donc je vous poste le lien vers une chouette video realisee par Sandra Calligaro et Julie Rousse sur le projet avec Apnalaya a Mumbai : c'est par ici que ca se passe.

Ou vous pourrez voir le bidonville ou on a travaille, les enfants avec qui j'ai fait de la peinture, quelques rues pas touristiques de Mumbai, le vernissage des photos de Georges, et des chevres qui mangent bio. 

12 avril 2014

D'autres peintures

Souvenirs du Maharastra

maharastra souvenir 2

maharastra souvenir 3

maharastra souvenir 4

 

 

 

sari 1

sari 2

sari 3033

sari 5035

Shazaha043

10 avril 2014

Quelques peintures

Hello!

A défaut de nouvelles, voici des images! Des aquarelles que j'ai exposées au Lycée Français de Pondichéry...

 

enfants 1042

 

 

enfants 3052

 

Les enfants de Shivaji Nagar

 

Hampi 2046

 

 

Hampi 3047

 

 

Hampi 4048

 

 

Hampi 5049

 

 

Hampi 6050

 

 

Ma vision d'Hampi

 

D'autres à suivre!

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4 avril 2014

Hampi : suite et fin et début de la suite

Voilà maintenant plus d'un mois que je suis arrivée à Pondichéry ; il est temps que je raconte cette partie de mon voyage!

Les derniers jours à Hampi, fin février, se sont déroulés tranquillement, entre balades dans les rochers, sessions d'escalade, croquis dans les montagnes et après-midi nonchalants. Les uns et les autres se préparaient au départ, Gal et Chris pour Goa, Igor et sa copine pour le nord, moi pour Pondichéry. Tom m'expliquait qu'il allait bientôt partir vers le nord pour grimper, car il ferait bientôt trop chaud pour escalader dans la région. Il était temps de se remettre en route, malgré les charmes envoûtants d'Hampi qui poussent certains à y rester plusieurs semaines - voire plusieurs mois.

J'ai réservé un bus pour Bangalore afin de faire une étape sur la route pour Pondichéry. Je ne tenais pas à faire 16h de bus d'un coup, et j'avais besoin d'y aller progressivement avant de retourner à la civilisation. Je suis partie d'Hampi en fin d'après-midi pour traverser avant la nuit, et prendre un car pour Hospet. Là, je devais prendre mon bus de nuit pour Bangalore. Dans le car entre Hampi et Hospet, on a assisté à un magnifique coucher de soleil rougeoyant au-dessus des bananeraies. Les lycéennes qui rentraient chez elles prenaient des photos avec leurs téléphones. En arrivant à Hospet, solidarité touristique oblige, je fais connaissance avec les quatre autres blancs qui étaient dans le car : on va tous à Bangalore, et on est tous autant paumés. Il nous faut d'abord trouver le lieu où prendre notre bus. Il s'avère qu'on ne prend pas tous le même, et que selon les compagnies, les bus ne partent pas du même endroit... Mes éphémères compagnons de voyage sont un couple américano-canadien et un israélien et sa mère qui font un tour de l'Inde. Ces derniers voyagent sur la même compagnie que moi, et à quelques minutes près sur le même bus... La mère, adorable mais de nature inquiète, voudrait qu'on change mon billet pour que je fasse le trajet avec eux. Ce n'est pas possible évidemment, toutes les places sont réservées, et je la rassure comme je peux en lui disant que j'ai déjà fait plusieurs trajets de nuit et que ça s'était toujours bien passé. 

Après quasiment deux mois passés en Inde, je m'aprêtais à annoncer fièrement un 1-0 pour moi, mais Hospet a bien failli m'avoir.

[Attention, ca va devenir trash]

Nous avions tous plusieurs heures devant nous avant de prendre nos bus de nuit, et il fallait qu'on mange. Nous sommes allés dans le premier restau qu'on a trouvé, proche de la gare routière, et qui semblait correct. C'était un endroit "vraiment" indien, et les seuls blancs qu'on pouvait y trouver étaient des touristes comme nous en transit entre Hampi et une autre destination du Lonely Planet. On nous a fait monter à l'étage, dans une salle presque vide, où nous avons pu déposer nos bagages (ça faisait pas mal de sacs à dos entassés). On ne connaissait que quelques plats qui étaient inscrits sur le menu, et avant de passer une nuit entière dans un bus on s'est dit qu'il valait mieux la jouer safe. On a commandé des masala dosa et des puri baji, des plats à base de galettes et de sauces qu'on trouve partout en Inde. C'était un peu gras (ils cuisinent beaucoup à l'huile en Inde, mieux vaut ne pas etre au régime) mais c'était bon. Sauf que. A la fin du repas, j'ai eu comme une envie pressante d'aller aux toilettes. Le genre d'envie pressante qui n'augure rien de bon, surtout quand on s'aprete à passer la nuit dans un bus - sans toilettes évidemment. Les toilettes du restau étaient comme pas mal de choses en Inde, plutot incongrues : le batiment dans lequel se trouvait le restau était à moitié construit, et les toilettes se trouvaient dans la partie pas vraiment finie. Il fallait traverser une salle en chantier pour y aller. Normal. C'étaient des toilettes à la turque, sans PQ - normal aussi. Mais surtout, c'étaient les toilettes les plus puantes dans lesquelles j'avais eu l'occasion d'aller depuis mon arrivée en Inde. Le type de puanteur à vous faire renoncer de vous soulager meme avant une nuit de bus. Une odeur si prégnante qu'on se demande si elle ne va pas nous coller à la peau pour les 15 prochains jours - encore pire que d'entrer dans un magasin Sephora. Bref, des chiottes où meme un bouc refuserait d'uriner. Mais ma copine Margot m'avait bien dit : "Surtout quand tu sens que ca vient, n'essaies pas de te retenir! Pas de médocs, il faut que ca sorte." J'ai donc fait un premier passage en apnée et suis resortie vivante de cette antichambre de l'enfer. Mais il a fallu que j'y retourne 15 minutes après. Et j'allais beaucoup moins bien. J'attendais mon bus avec les israéliens, en m'amusant de voir des vaches bloquer la circulation*, quand j'ai commencé à me sentir fiévreuse et que mon estomac a commencé à me signifier qu'il y avait un problème. J'avais beau lui dire "Non non et non, tu ne peux pas me faire ca maintenant, on s'est bien entendus jusque-là alors tu vas pas me lacher juste avant d'entrer dans un bus indien" il ne voulait rien entendre. Pas de toilettes dans le petit bureau de la compagnie de bus, of course. J'ai foncé vers le restaurant** où il y avait 3 femmes qui faisaient la queue pour les toilettes, of course. J'ai cru me faire dessus. Je respirais profondément en me concentrant sur les fils électriques à nu qui se baladaient au plafond, les barres de métal qui attendaient d'etre recouvertes de ciment, l'immense fenetre ouverte sur la rue et sans aucune protection - of course. Quand la dernière a eu fini, j'ai réussi à ne pas foncer dans le tas comme un rugbyman enragé ; je suis entrée très civilement dans cet antre du diable, plutot heureuse d'y revenir cette fois, meme si l'odeur n'avait pas changé entre-temps. Et là, je me suis crue dans Trainspotting. Vraiment.*** Les murs recouverts de merde, je ne pouvais m'appuyer nulle part, je devais tenir accroupie alors que j'étais chancelante, tout en faisant en sorte que mon salwar (non mais quelle plaie ce pantalon avec ses mètres de tissu!) ne tombe pas dans le trou - et accessoirement que je ne défèque pas dessus. La puanteur extreme n'arrangeait rien à ma fièvre subite, j'avais l'impression que mon état empirait à chaque respiration. Et là, je me suis dit que j'avais vraiment fait "l'expérience indienne". Je suis resortie de là pas forcément mieux qu'en y entrant mais un peu plus vide, j'ai acheté une bouteille d'eau histoire de ne pas me déshydrater pendant la nuit, et je suis retournée attendre mon bus. Et 15 minutes plus tard c'était passé. Ca a été la tourista la plus fulgurante que j'aie jamais eue. Inde = 1, Claire = 0.

 

[Je vous avais prévenus. C'est fini maintenant.]

 

Entre-temps deux allemandes étaient arrivées pour prendre un bus. Les vaches broutaient toujours leur bout de trottoir et s'amusaient toujours à emmerder les automobilistes - ou l'inverse. Une des allemandes qui comme nous tous portait des sandales a malencontreusement foutu le pied dans une bouse. Holy shit! Quelle bénédiction : elle venait de mettre le pied dans une merde sacrée!

 

[Ok maintenant c'est vraiment fini la scatologie]

 

Les israéliens ont pris leur bus, puis les allemandes, puis à peu près tout le monde, et puis finalement le mien est arrivé avec seulement une heure de retard. Le lendemain matin j'étais à Bangalore, où j'ai passé 24h avant de prendre un nouveau bus de nuit pour Pondichéry - dans lequel j'ai rencontré un indien qui parlait parfaitement français. J'étais tellement habituée depuis le début de mon voyage a entendre parler anglais avec un accent à couper au couteau que j'ai mis un moment à percuter. 

 

 

* * * ** ******* ** * * * 

 

 

Hem... j'avais commencé la rédaction de ce post il y a, disons, quelques jours... Jamais eu le temps de l'achever.

Et il faut que je fasse vite parce que je pars ce soir (!!!) de Pondichéry, après un mois passé ici, pour les plantations de thé de Munnar. L'idée est surtout d'aller me rafraîchir dans les montagnes au milieu de hordes de touristes indiens et blancs qui n'en peuvent plus eux non plus de la chaleur des plaines.

Alors, au sujet de ce mois et demi à Pondy, et en vrac : 

- à mon arrivée j'ai eu droit à un hachis parmentier. Ouais c'est super exotique, mais que voulez-vous, après deux mois à manger masala ça fait du bien. On se refait pas. Et ça m'a fait penser que Jean-Didier Urbain n'a rien écrit (il me semble) sur la nostalgie culinaire de l'idiot du voyage. Je vais lui proposer un chapitre pour la prochaine édition de son bouquin je crois. 

- deux jours après mon arrivée, j'ai tourné dans un film. Je me baladais le nez au vent, j'ai vu une équipe de tournage, je me suis approchée et ni une ni deux ils m'ont invité à faire une scène. Voilà comment je me suis retrouvée à faire des pas de danse avec un type en avançant devant la caméra, pendant que le couple-héros du film faisaient une chorégraphie derrière nous. Ils devaient me rappeler le lendemain pour continuer la scène, mais je pense que quelqu'un a vu les rushs et n'a pas jugé ça utile.

- j'ai loué un vélo et je l'ai conduit pendant tout mon temps à Pondy. Même pas peur, et je suis toujours en vie. En fait c'est moi le danger public.

- je me suis bien éclatée avec les enfants de l'école française, à leur apprendre l'aquarelle et à peindre avec eux. Ils ont fait de chouettes aquarelles qu'on a exposées avec les miennes au lycée, et ils étaient pas peu fiers.

- je suis allée à Auroville. Il faudra que je développe quand j'aurai le temps, mais grosso-modo : c'est une ville dont la construction a commencé dans les années 70. C'est La Mère, une française installée à Pondichéry, qui faisait partie de l'ashram de Sri Aurobindo, qui a initié ce projet. Auroville se veut une ville ouverte à tous sans distinction de culture, de nationalité, de couleur de peau ou de religion. Il y a un énorme bâtiment qui ressemble à un Ferrero Rocher où on peut méditer dans le silence le plus complet. Il faut être d'Auroville pour pouvoir y entrer, et j'ai eu l'opportunité d'y aller grâce à une amie d'amis. On en pense ce qu'on veut, mais 20 minutes de silence intense en Inde, c'est pas du luxe.

- je suis allée au cinéma! Enfin! Mais il ne passait pas de Bolywood... et, j'avoue j'étais un peu déçue, le film était bien! Beh oui on m'avait vendu les films indiens comme un enchaînement d'incohérences scénaristiques, de chorégraphies colorées et de scènes d'action aux effets spéciaux délirants! Il y avait bien des scènes d'action assez drôles, mais dans l'ensemble le film se tenait, et on n'a eu droit qu'à deux chorégraphies. Par contre j'ai failli resortir sourde et congelée, et ça il paraît que c'est partout pareil dans les cinémas indiens.

 

Voilà! J'ai presque oublié que j'étais en Inde à force d'être entourée de français et d'entendre parler la langue de Molière autour de moi, mais c'est fini tout ça! Ce soir, retour à la "réalité" de l'Inde (c'est quoi l'Inde réelle au fait? on n'arrête pas de me dire que Goa c'est pas l'Inde, qu'Hampi c'est pas l'Inde, que Pondichéry c'est pas l'Inde... Il faut aller à Gare du Nord pour voir l'Inde réelle?) Je prends le train pour Madurai, et de là le bus pour Munnar, où je devrais retrouver un ami indien rencontré sur le projet à Mumbai.

Des news bientôt!! (enfin c'est relatif...)

 

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*C'est un cliché bien vivant : il y a vraiment des vaches dans les rues, et elles ont une liberté totale. Et elles le savent.

**Enfin j'ai marché le plus vite possible en ayant l'impression de courir comme Hussein Bolt - je commencais à voir un peu trouble et il s'agissait pas de trébucher sur un morceau de trottoir défoncé.

***Quelque chose comme cette scène-là

31 mars 2014

Celo!

On m'a demandé - à juste titre - ce que ça veut dire celo. Déjà, je ne suis pas certaine de l'orthographe. Je l'ai écrit comme ça arbitrairement, mais je l'ai vu orthographié chelo ou même chalo (mais à vrai dire je ne l'ai pas vu écrit très souvent, c'est plutôt un élément de language oral).

Les premiers jours de mon arrivée en Inde, j'entendais ce mot dans toutes les phrases ou presque. En tous cas je l'entendais toute la journée. C'est pour ça que, quand j'ai créé mon blog, j'ai choisi cette adresse internet : c'est le premier truc qui m'est venu à l'esprit.

Celo! ça veut dire, grosso modo, et au choix : allé! c'est parti! ok! c'est bon! dégage! pousse-toi de là que j'y mette mon rickshaw! (liste non exhaustive) C'est du moins ce que j'ai compris...

29 mars 2014

Pondichéry

Ha hum... Oui donc voilà voilà, je suis à Pondichéry depuis un mois maintenant, et - hem - légèrement à la bourre concernant la mise à jour de ce blog... C'est-à-dire que j'ai presque retrouvé une vie normale ici! A savoir : une vie dans laquelle on ne change pas de région/de guest house/de chambre tous les 3 jours, une vie dans laquelle on ne mange pas au restaurant quotidiennement faute de lieu où faire la cuisine, une vie où on socialise avec des gens dans des cafés, une vie où on se lève le matin pour bosser... Eh oui mâdâme! La preuve en image :

 

 


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Aquarelles réalisées par les grandes sections de maternelle à partir des illustrations de Christian Voltz

 

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Je suis arrivée ici il y a un mois pour mettre en place des ateliers d'aquarelle avec les enfants de l'école élémentaire française. J'ai commencé il y a deux semaines et j'ai travaillé avec 6 classes différentes : grandes sections de maternelle, CP, et CE1. En parallèle j'ai aussi donné des cours à des gamines dans un orphelinat, et des cours à des adultes (pour la plupart les instits avec qui j'ai bossé). Enfin, j'ai préparé des aquarelles pour une expo... qui va démarrer lundi! Voilà pour le silence radio de ces derniers jours. Pas que j'ai été surchargée, mais j'ai été bien occupée mine de rien. Je posterai des photos de l'expo et je raconterai Pondi bientôt!!

 

19 mars 2014

Hampi - temple d'Hanumân

Hanuman temple

 

 

Le temple d'Hanumân, le dieu singe.

Perché en haut d'une colline au nord d'Hampi (cf plan du 19/02), on y monte par un escalier en béton le long duquel des macaques attendent qu'on leur offre des bananes (en vente en bas de la colline). Ils doivent bien se marrer à voir tous ces touristes, blancs ou indiens, cracher leurs poumons en escaladant leur sanctuaire.

18 mars 2014

La suite d'Hampi

Reprenons à nos moutons, le 21 février à Hampi. Ce matin-là je me réveille incroyablement tôt, moi qui aime tant faire la grasse matinée. Je n'ai vu Hampi au petit matin que le jour de notre arrivée, la gueule enfarinée, et j'aimerais voir ça dans de meilleures conditions. Je me lève vers 7h00, prends mon carnet et pars me balader avec l'idée de faire des croquis à une heure décente. Je grignote un morceau dans un bouiboui au bout de la rue, escomptant prendre un vrai petit déjeuner plus tard avec les garçons ; c'est à ce moment-là que je tombe sur Tom, l'instructeur d'escalade avec qui nous avons grimpé lundi matin, pas encore bien réveillé mais déjà sur son scooter. Il me dit qu'il va ouvrir de nouvelles voies avec des amis, de l'autre côté de la rivière, et me propose d'y aller. Il ne faut pas me le dire deux fois : je retourne à la guest house, change de vêtements, fourre mes chaussures d'escalade dans mon sac et rejoins Tom qui bâille encore. Nous traversons à l'endroit où j'ai observé l'éléphante se baigner la veille, et nous retrouvons les amis de Tom de l'autre côté. Il y a son collègue Jerry, deux autres indiens, un espagnol et un autrichien dont j'ai oublié les noms, qui sont en train de manger leur petit déj sur le trottoir. Nous partons vers le Lotus Mahal, Jerry, son pote indien et moi sur le scotter, les 4 autres entassés dans un rickshaw, les crashpads sur le toit - à l'indienne!

On prend la route des temples que j'ai déjà parcourue plusieurs fois depuis mon arrivée à Hampi, mais cette fois on bifurque sur une piste à travers les bananeraies. De temps en temps on aperçoit un temple perché sur une montagne au loin, ou on passe à côté d'un mini-temple en ruines... On suit un petit canal qui court le long des plantations, bordé de cocotiers et d'énormes rocs, pour s'arrêter à côté d'un ponton ; puis on marche à travers les bananiers pour arriver devant un plateau rocheux où des blocs de granit sont dispersés : c'est là que l'on va grimper toute la matinée. Ce n'est pas mon niveau, les mecs sont des pros, mais la balade vaut le coup : le lieu est grandiose, et c'est toujours un plaisir d'observer de bons grimpeurs en action. J'imagine que c'est la même chose pour les fans de football quand ils voient une bonne équipe jouer?

Tom doit partir vers midi, et il me dépose à l'embarcadère avant de filer à Hospet. Je rentre à la guest house manger et me reposer un peu, j'en profite pour dessiner. J'ai fait connaissance avec les gens de l'Osho ashram le soir de leur arrivée, et l'un d'eux me propose d'aller au réservoir se baigner. Ma foi, c'est pas de refus! On part à 6 en moto et on va se poser sur un rocher "tranquille" : il y a un groupe d'israéliens qui écoutent de la techno à fond et deux indiens postés trois mètres plus loin. Ils sont là pour surveiller la baignade ; c'est-à-dire mater les filles en maillot. Et laissez-moi vous dire qu'ils ne se donnent pas la peine de faire semblant d'être discrets! Je sais que c'est habituel en Inde et que c'est le prix à payer pour se baigner... mais là j'avoue je trouve ça malsain. Que faire? Les ignorer et se mettre en bikini? Ne pas leur donner satisfaction et rester habillée? Des copines en Europe se sont étonnées en me disant qu'une fille en t-shirt mouillé était beaucoup plus sexy qu'en bikini. Ben en Inde c'est l'inverse. Il faut dire aussi que les femmes, quand elles se baignent publiquement dans les fleuves, la mer ou les piscines, sont toujours habillées. Elles gardent même leurs affaires pour faire leur toilette. On peut alors imaginer qu'un tissu collé au corps par l'eau n'ait pas le même potentiel érotique qu'en Europe... Ajoutons qu'en sus, la peau blanche est un must de beauté : on trouve partout des crèmes et des savons censés éclaircir la peau. Imaginez donc l'effet de ces corps blancs quasi nus offerts aux regards de n'importe qui... en fait non, je préfère pas imaginer! (eeeek!) Je garde mon t-shirt - j'en ai prévu un de rechange - mais j'enlève quand même mon pantalon : tant pis, un indien frustré et libidineux fantasmera sur mes fesses ce soir - et celles de mes compagnes de baignade qui ont enlevé leurs t-shirts. Quand les israéliens s'en vont, nous faisons silence complet : il n'y a que le bruit du vent et des oiseaux. quel bohneur - et quel luxe! Nous rentrons vers 17h30 avec l'idée d'aller voir le coucher de soleil - mais le temps qu'on boive un chaï il est trop tard. 

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Onze kilos cinq
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