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Onze kilos cinq
11 février 2014

Gokarna

Bon, je me suis un peu plantée dans les dates là - mais c'est pas comme si ça avait vraiment de l'importance après tout...

Tout ça pour dire qu'on est parties de Palolem le 10 au matin pour aller à Gokarna, une plage un peu plus au sud dans l'état du Karnataka, et beaucoup plus tranquille. Pour s'y rendre, on a pris un taxi jusqu'à la gare routière de Chaudi, puis un bus qui nous a emmenées à Chakwar, un autre bus jusqu'à Ancola, encore un bus jusqu'à Gokarna Cross, un autre bus pour aller dans le centre de Gokarna, et enfin un rickshaw qui nous a déposées à côté du Namaste bar, en haut de la colline qui surplombe la plage de Om Beach : ça nous a pris environ quatre heures. Pour faire 97 km. En fait en Inde, on arrête rapidement de compter en kilomètres... Parce qu'au final les distances ne sont pas si grandes que ça ; ok, c'est bien plus grand que la France, je vous l'accorde. Mais c'est surtout que les infrastructures n'ont rien à voir et que le temps nécessaire pour rallier deux points sur la carte en est multiplié... Donc on compte en heures de trajet. Et quatre heures, c'est tout près! Un petit saut de puce de rien du tout...

On est donc arrivées à Om Beach qui est en effet beaucoup plus tranquille que Palolem. Il y a des blancs, mais infiniment moins nombreux. (Note : depuis le début je parle de "blancs" ; non pas que je répugne à utiliser le terme "touristes" mais parce qu'il y a aussi bien des touristes blancs, ou occidentaux, que des touristes Indiens dans les endroits où nous allons. J'aurais du le préciser plus tôt, c'est maintenant chose faite) (Et puis je suppose que je prenais pour évident le fait que les blancs soient des touristes) Om Beach est moins facilement accessible que les plages avoisinantes, et moins dotée en infrastructures touristiques. Il y a quelques guest houses qui font restaurant sur la plage, mais rien à voir avec Palolem où elles se côtoient et empiètent les unes sur les autres. On se trouve une guest house tenue par une famille, où les filles dorment dans une chambre en dur et moi dans une hutte de bambou. Les chiottes sont à la turque (comme dans beaucoup d'endroits en Inde), il faut prendre de l'eau de mer dans une cuve en plastique pour nettoyer, et on jette le papier dans un carton sinon ça obstrue le conduit. Je n'ai aucune idée de ce que deviennent les eaux usées, et pour être honnête je crois que je n'ai pas envie de le savoir. Pour se laver, on rempli un seau d'eau tirée du puits et stockée dans une deuxième cuve, et on se lave à l'ancienne (ou à l'indienne, c'est selon) avec un petit pot en plastique. L'espace "douche" est délimité par des panneaux de palmes tressées, et fermé par une porte bancale en métal. Il n'y a pas de toiture, et on voit les cocotiers au-dessus de nos têtes quand on se lave.

Aujourd'hui (11 février donc) on part faire une balade avec deux françaises rencontrées la veille, sur les conseils d'une canadienne qui loge dans la même guest house. On marche jusqu'à Paradise Beach en passant par la Half Moon Beach où on s'arrête pour se baigner et se reposer un peu. Le chemin à flanc de montagne surplombe les rochers et la mer et nous offre une vue magnifique sur les environs. Il fait une chaleur écrasante mais heureusement il y a des arbres et des palmiers sous lesquels nous trouvons un peu d'ombre - comme d'habitude, malgré notre volonté de fer de partir tôt, on a décollé en fin de matinée et nous marchons sous le soleil de midi. (Il faudra que je vous parle de la notion de temps en Inde, de l'incidence sur la durée du petit déjeuner et sur nos difficultés à faire quoi que ce soit avant 11h du matin) Les arbres indiens me rappellent ceux du Brésil : majestueux et délirants, avec leurs troncs multiples créés par des excroissances qui plongent vers le sol, leurs branches qui s'entrecroisent et se mêlent, jusqu'à former un amalgame de branches, de lianes, de racines, un délire végétal et organique digne de Moebius ou de Druillet...

Paradise Beach est une petite page coincée entre deux plis de montagne, où on trouve les vestiges de guest houses détruites il n'y a pas si longtemps. On me racontera plus tard que les propriétaires ont été délogés par la police car ils ne payaient pas le bakshish réglementaire. Cela n'a pas empêché les touristes de s'installer : il y a quelques tentes et des hamacs tendus entres les cocotiers. Cerains passent plusieurs jours ici et s'organisent en allant chercher l'eau par cubis à pieds. Il y a un couple d'indiens qui préparent des thalis (assiettes de riz, curry de légumes, sauces, servies avec des galettes) et des chais masala (thé au lait et aux épices dont je suis friande), deux ou trois types qui vendent des biscuits, des bananes et des noix de coco qu'ils découpent à la demande. Je constate que le taux de dreadlocks est particulièrement élevé sur cette plage. Cette plage porte bien son nom - jusqu'à ce qu'on prenne le chemin du retour en grimpant la pente à pic : on traverse les toilettes (les feuilles de PQ et l'odeur nous indiquent que c'est visiblement le petit coin), et en contrebas, derrière un rocher, c'est carrément le dépotoir. Je ne devrais pas m'étonner : certaines agglomérations n'ont pas de système de collecte des déchets correct, ce n'est certainement pas sur une plage paumée qu'on va s'occuper des détritus...

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