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Onze kilos cinq
11 février 2014

Palolem #2

Avant de venir en Inde on m'a mise en garde contre le palu, la dengue, la rage, les amibes, la tourista et toutes sortes de maladies qu'il est facile d'attraper dans ces pays lointains et exotiques... Je suis arrivée parée de médicaments divers et variés et de recommandations de ma médecin en cas de fièvre ("Une grosse fièvre qui dure plus d'une nuit : filez chez un médecin, c'est le palu!"). J'avais acheté des pansements et du désinfectant au cas où, un anti-moustique tellement puissant qu'on se demande si c'est pas Monsanto qui l'a commercialisé, bref, le parfait kit de survie en milieu hostile pour petite française fraîchement débarquée. Mais rien pour le rhume. 

Parce qu'évidement, ce n'est ni la tourista, ni le palu qui m'ont mise à plat, mais un bête rhume chopé dans un cyber-café à la clim' trop puissante. En ressortant dans l'après-midi chaud, paf, le grand classique : choc de température, début d'angine. Pourtant je connais! C'est comme ça que j'ai attrapé mes pires angines au Brésil avec leurs bus qui ressemblaient à des chambres froides. 

C'est ainsi que le lendemain de notre arrivée à Palolem, alors que les filles vont explorer les bords de mer environnants, je reste à commater dans ma chambre pendant les heures chaudes, incapable d'aller plus loin que le bout de la cour de notre guest house. Mais ça me permet de faire la connaissance de Lorenzo, un italien d'une soixantaine d'années, qui occupe l'une des chambres de la guest house et qui joue du tabla sur la terrasse. Le tabla est une percussion indienne traditionnelle. Lorenzo m'explique qu'avant d'apprendre à jouer de cet instrument il était bassiste professionnel. Le jour où il a écouté l'album Sergent Pepper's Lonely Heart Club Band des Beattles, il a vendu sa basse et a tout quitté pour venir en Inde et étudier cet instrument. Il vient à Palolem depuis une quinzaine d'années et a connu l'endroit quasiment désert, avec deux ou trois accommodations seulement et un petit restaurant... Rien à voir avec le Palolem de 2014 : la rue principale est bordée d'échoppes où on vend des vêtements, des bijoux, des sandales, de l'encens, du henné, des épices, des tentures, des carnets aux couvertures colorées... Il y a des cafés internet qui proposent de faire les réservations de bus, de train, d'avion, d'organiser des tours dans la jungle et des sorties pour voir les dauphins... Il y a moult restaurants où on peut trouver de la cuisine "continentale", avec des pizzas, des frites ou du humus au menu... J'essaye d'imaginer comment c'était il y a 15 ans mais c'est difficile. Ça ressemblait probablement à Murud, encore plus petit et paumé...

On passe quatre jours à Palolem, mais on est contentes de s'en aller. C'était un bon endroit pour se reposer et me remettre de mon rhume ; quant aux filles elles n'avaient pas passé plus de deux jours quelque part depuis leur arrivée en Inde et ça leur a fait du bien aussi. Mais on a vite saturé de cette ambiance ultra-touristique et pas si calme que ça. Ca nous a fait du bien cependant de pouvoir faire une pause "occidentale" : pouvoir mettre un short ou une robe, se baigner sans avoir besoin d'être habillées... Dans ce pays très macho et pudique à la fois, où les femmes ne découvrent ni leurs épaules ni leurs jambes, la nudité est taboue - et quand je parle de nudité, oubliez les pubs pour Gucci ou Dolce Gabbana : une épaule découverte ou une jupe au-dessus du genoux suffit à émoustiller les hommes de 7 à 77 ans. Jusque-là, pour être tranquille, je portais des vêtements indiens (pantalon large et tunique - le fameux ensemble salwar-kameez) ou des t-shirts à manches longues. Ce n'est pas la pire des contraintes bien entendu, et ça me semble plutôt normal de m'adapter aux coutumes d'un pays pour ne pas choquer ses habitants. Mais quand on pense que ces coutumes sont basées sur un machisme indécrottable et un système social qui ne laisse pas beaucoup d'options à la femme (grosso-modo, c'est le mariage sinon rien), ça finit par peser un petit peu... et ça fait du bien de retrouver un peu de notre liberté, qui nous permet d'arborer des jambes dénudées sans pour autant faire de nous des prostituées!

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